Un nouvel élan mondial pour la biodiversité lancé à Nagoya

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Les 193 Etats Parties à la Convention sur la diversité biologique, réunis à Nagoya du 18 au 29 octobre 2010, ont pris de nouveaux engagements pour la sauvegarde de la biodiversité, à l’issue de longues négociations. Un « paquet biodiversité » a été adopté comprenant un plan stratégique d’action avec 20 objectifs à atteindre d’ici 2020, un protocole sur l’accès et le partage des avantages liés à l’exploitation des ressources génétiques, et une stratégie de financement pour augmenter l’aide publique internationale consacrée à la biodiversité.

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Point d’orgue de l’année internationale de la biodiversité, la 10ème Conférence des Parties de la Convention sur la diversité biologique, qui a rassemblé près de 18000 participants à Nagoya au Japon pendant 10 jours, a réussi à adopter plusieurs décisions importantes pour enrayer la disparition de la biodiversité et tenter d’inverser la tendance.

Après avoir échoué à atteindre leur objectif de réduire significativement l’érosion de la biodiversité d’ici 2010 et, face à la crainte d’un nouvel échec des négociations suite au Sommet de Copenhague sur le climat, les Etats ont su réagir et donner une nouvelle et forte impulsion pour relancer les efforts de préservation et de valorisation de la biodiversité.

En premier lieu, les Etats ont adopté le plan d’action stratégique 2011-2020 de la Convention sur la diversité biologique qui comporte 20 objectifs à atteindre d’ici 2020 dont :

  • la mise en place d’un réseau d’aires protégées couvant 17% des milieux terrestres et d’eau douce et 10% des milieux côtiers et marins (contre respectivement 13% et 5% actuellement) ;
    la diminution, de moitié au moins, du taux de perte de tous les habitats naturels, y compris les forêts, et lorsque cela est possible ce taux est porté à près de zéro ;
  • la restauration d’au moins 15% des écosystèmes dégradés pour lutter contre les impacts du changement climatique (stockage du carbone) et la désertification ;
  • la suppression ou la réforme des incitations financières et des subventions néfastes à la biodiversité, et la mise en place d’incitations positives pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité ;
  • la gestion durable de tous les stocks de pêche, évitant ainsi la surexploitation, ainsi que la restauration des stocks dégradés ;
  • la sauvegarde des espèces menacées, empêchant l’extinction des espèces identifiées comme menacées et améliorant le statut de conservation des espèces les plus en déclin ;
  • la gestion durable des espaces dédiés à l’agriculture, l’aquaculture et la foresterie, intégrant la conservation de la biodiversité ;
  • la réduction des pollutions à des niveaux non dommageables pour les écosystèmes ;
  • la lutte contre les espèces exotiques envahissantes.

Ce plan d’action constitue un cadre international commun d’action et les Etats se sont engagés à le décliner dans leurs stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité d’ici deux ans. La nouvelle stratégie française pour la biodiversité, en cours de révision, devra donc en tenir compte.

En discussion depuis plus de 8 ans, les Etats ont finalement adopté le Protocole de Nagoya sur l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation. Cet accord va permettre d’encadrer l’exploitation des ressources génétiques (molécules naturelles ou gènes) entre les pays détenteurs de ces ressources, principalement basés au Sud, et les industries, principalement localisées au Nord, et d’assurer qu’une partie des bénéfices reviennent aux pays détenteurs. Les secteurs particulièrement concernés sont ceux de la pharmacie et de la cosmétique. Les communautés locales qui possèdent des connaissances et des savoir-faire traditionnels devront également être prises en compte. L’adoption de ce protocole répond à une forte demande des pays du Sud pour mettre fin à la bio-piraterie et recevoir des avantages liées à l’utilisation de leurs ressources. Le Protocole de Nagoya devrait entrer en vigueur d’ici 2012, avec un soutien du Fonds pour l’environnement mondial d’un million de dollars (USD) afin de faciliter une entrée en vigueur rapide, et d’un million d’euros de la France.

Un plan de financement, ou stratégie de mobilisation des ressources, a également été adopté demandant une augmentation substantielle des financements pour la biodiversité, mais le montant et les modalités n’ont pas été clairement définis. Plusieurs pays ont néanmoins fait des annonces importantes, notamment le Japon, qui consacrera deux milliards de dollars (USD) dans les trois prochaines années pour aider les pays en développement à élaborer et mettre en place leurs stratégies nationales pour la biodiversité. La Secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Chantal Jouanno, a annoncé que la France allait doubler ses financements dans le cadre de l’aide publique au développement d’ici 2012, soit une enveloppe de plus de 200 millions d’euros, et qu’à compter de 2014, ce montant sera porté à 500 millions d’euros par an, un montant équivalent à celui annoncé par l’Allemagne. Le Comité français de l’UICN se félicite de cette annonce qui va contribuer à remplir l’engagement du Grenelle de l’Environnement demandant de consacrer 10% de l’aide publique au développement à la biodiversité. Plus de 120 millions de dollars seront également consacrés à l’initiative « Life web » de la Convention pour le renforcement des aires protégées.

Plusieurs autres décisions ont été prises par la conférence, notamment l’approbation du Plan d’action sur les villes, les autorités locales et la biodiversité, qui a été adopté par le Sommet sur les villes et les autorités locales qui s’est tenu les 25 et 26 octobre, et un soutien à la création de l’IPBES, la future plate-forme scientifique internationale sur la biodiversité et les services écosystémiques. Pour consulter l’ensemble des décisions prises : http://www.cbd.int/nagoya/outcomes/

La prochaine conférence des Parties de la Convention sur la Diversité Biologique se tiendra à New Delhi, Inde, en 2012.

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