Les aires protégées constituent le principal pilier des stratégies de conservation de la biodiversité. Elles participent au développement d’activités humaines durables, en garantissant la fourniture de nombreux services écologiques à l’échelle locale et globale (alimentation, eau potable, médicaments). Elles sont également reconnues à l’échelle internationale comme des outils efficaces, économiques et durables pour lutter contre les changements climatiques.

La France a développé une grande diversité de dispositifs de protection, dont la création et la gestion relève de différents acteurs et échelons juridiques. Cette diversité constitue un atout car elle permet d’adapter les outils aux contextes locaux et aux différents objectifs de conservation. A l’échelle nationale, on distingue trois modalités juridiques de protection d’espaces naturels : l’approche foncière repose sur l’acquisition de terrains en pleine propriété en vue d’assurer la protection définitive d’un espace naturel remarquable ; l’approche conventionnelle vise à déléguer à un tiers pour une durée déterminée la gestion et la préservation d’un espace naturel dans le cadre d’une convention de maîtrise d’usage ; et l’approche réglementaire consiste à limiter voire à interdire généralement par arrêté ou par décret des activités humaines en fonction de leurs impacts sur les milieux naturels. La France compte aujourd’hui de nombreux statuts de protection, parmi lesquels les outils spécifiques développés par les départements, collectivités et Pays et territoires d’outre-mer et les outils de protection relevant de textes internationaux ou européens.

Cependant, malgré la diversité des dispositifs juridiques existants et une couverture surfacique atteignant déjà les objectifs nationaux fixés pour 2022, la qualité de cette gestion demeure inégale et difficile à évaluer. C’est pour cette raison que le Comité français soutient et met en œuvre le programme de la Liste verte des aires protégées et conservées, outil d’évaluation de l’efficacité de la gestion, de la gouvernance et des résultats de conservation obtenus par les gestionnaires d’aires protégées.

QUE FAIT LE COMITÉ FRANÇAIS DE L’UICN À CE SUJET ?

Le Comité français a mis en place un programme de travail important sur les aires protégées, pour soutenir en particulier la mise en place d’un réseau national efficacement géré et représentatif de la diversité des milieux terrestres et marins.

Présidée par Gilles Kleitz, la Commission aires protégées est composée de 82 experts, regroupant scientifiques et spécialistes issus des principaux réseaux de gestionnaires d’espaces protégés. Elle constitue une plateforme d’expertise unique en France, située à l’interface entre l’échelon national et le programme global des aires protégées de l’UICN.

La Commission des aires protégées du Comité français de l’UICN a apporté ces dernières années, sous de nombreuses formes, son expertise pour une meilleure connaissance et un renforcement du système français d’aires protégées. Elle a ainsi été étroitement associée à la préparation de la loi du 14 avril 2006, modernisant les parcs nationaux, et aux processus de création de nouvelles aires protégées. Elle a contribué à l’élaboration des stratégies nationales pour les aires protégées et à leur renouvellement pour la période 2020-2030. Elle a établi l’évaluation du dispositif français au regard de ses engagements dans le cadre du programme de travail spécial sur les aires protégées de la CDB (Convention sur la diversité biologique) sous la forme des tableaux de bord des aires protégées. Elle travaille à l’application pratique des critères de l’UICN de gestion et de gouvernance à l’ensemble des espaces naturels protégés français.

Pour son mandat 2021-2023, la Commission s’intéressera notamment de près au sujet des Autres Mesures de Conservation Efficaces par Zones (AMCEZ) ou aires conservées, dans la mesure où ces espaces contribueront très prochainement à renforcer la cohérence des réseaux d’aires protégées, mais également aux enjeux relatifs à la protection forte dans les eaux françaises. La gouvernance des aires protégées sera également au cœur des travaux des experts ainsi que leur vulnérabilité et leur adaptation aux changements climatiques, en partenariat avec les autres programmes du Comité français de l’UICN ainsi que ses membres.