Interview de Benjamin Bassono
Mr. Benjamin BASSONO vous êtes le Directeur Exécutif de l’association les Anges Gardiens de la Nature (Burkina-Faso) pouvez-vous nous présenter un peu votre association ?
L’Association des Eco-Gardes du Burkina dénommée « LES ANGES GARDIENS DE LA NATURE » (AGN) est une association d’envergure nationale et à but non lucratif née officiellement en 2018. Elle découle de la reconversion de l’Association pour la Valorisation des Produits Locaux (AVPL) née en 2002.
Elle a été créée en vue de regrouper au sein d’une même structure les personnes formées dans le cadre du décret présidentiel[1] portant modalités de recrutement des éco-gardes et conditions d’exercice de leur métier au Burkina Faso.
AGN a pour objectif principal de protéger la faune, la flore et ceux qui la défendent : les éco-gardes. Pour ce faire, l’association a développé une expertise particulière en matière de professionnalisation des éco-gardes en mettant l’accent sur leur formation et leur équipement. AGN fait de l’éducation à l’environnement et travaille également à la promotion de l’éco-tourisme et des modes de consommation et de production durables.
A quel moment et dans quelles circonstances avez-vous personnellement pris le parti de vous engager pour la Nature ?
Issu d’une famille Gourounsi et originaire de la province du Sanguié, au Burkina Faso, je suis petit fils d’un grand éleveur de bovins et d’équidés ; dès l’âge de 6 ans, je passais mes vacances auprès de mes grands-parents dans le village de Réo (plus précisément à Goumédyr) qui m’a vu naître. Là-bas, mon plaisir était d’accompagner le plus régulièrement possible les bergers chargés de faire pâturer les troupeaux. Nous partions le matin et ne rentrions que le soir. Les pasteurs devaient chasser au quotidien pour assurer leur repas de midi. Jusqu’à l’âge de 12 ans, j’ai appris à leurs côtés. C’est avec eux que s’est forgée mon âme de broussard. Celle-ci ne m’a plus jamais quitté depuis.
Quel est selon vous la plus grande victoire d’AGN ?
La plus grande victoire d’AGN a été d’avoir réussi à élaborer et faire accepter le métier d’écogarde au Burkina Faso.
Quelle est la personne qui est actuellement votre source d’inspiration et pourquoi ?
Michel Vallier. Naturaliste taxidermiste français des Etablissements Vallier.
Monsieur Vallier a donné 50 ans de sa vie à parcourir l’Afrique pour former les acteurs de la Faune dans le suivi écologique et la préparation des trophées de chasse. Il a mis en place en Afrique plusieurs éco musés pour l’éducation environnementale des élèves.
Il a été pendant longtemps le défenseur de nos pays auprès des instances mondiales de gestion de la faune. Il nous quitté en 2019.
Si vous étiez un animal vous seriez ? Expliquez-nous pourquoi ?
Si j’étais un animal, je serais un LION. Le Lion dégage une aura certaine et exerce sur son entourage fascination, domination et autorité.
Le natif du Lion a l’âme du chef, mais de ces chefs au grand cœur, à la loyauté indéfectible, comme le célèbre roi « Richard Cœur de Lion ». Très énergique, courageux et fort, et surtout optimiste, le Lion est souvent très entouré d’amis et de fidèles admirateurs.
Le Lion jouit en général d’une santé robuste et d’un mental de fer.
Si vous aviez un pouvoir magique que souhaiteriez-vous changer ?
Faire un retour en arrière de 50 ans pour retrouver une biodiversité en meilleure santé. En effet, les pertes de biodiversité dues aux activités humaines se sont accélérées depuis 50 ans. Malheureusement aujourd’hui, cette tendance s’accentue et avec elle, la disparition des écosystèmes.
Selon plusieurs sources, 25 % des espèces mondiales auront disparu avant 2050 à cause de la combinaison du réchauffement climatique et des activités de l’Homme… Quels conseils donneriez-vous aux jeunes africains qui veulent s’engager dans la vie associative au profit de la Nature comme vous ?
Eviter les erreurs de leurs ainés !
Je crois que ces jeunes devront avant tout penser à prendre en compte la biodiversité dans toutes les stratégies de développement. En effet, jusqu’à présent les systèmes d’enseignement continuent de morceler et disjoindre les connaissances qui devraient être reliées. Ainsi, on forme des esprits unidimensionnels et réducteurs, qui ne privilégient qu’une dimension et en occultent les autres.
Lors des dernières grandes rencontres régionales en Afrique, les gouvernements ont fait part de leur échec à atteindre les objectifs de 2010 pour la biodiversité.
Selon eux, les secteurs tels que l’agriculture, la pêche, l’économie et le tourisme n’intègrent pas suffisamment les enjeux de la biodiversité, ce qui est également le cas dans bon nombre d’autres secteurs, en dehors de ceux directement liés à la biodiversité et aux problématiques environnementales en général.
De nos jours, la conception des politiques relatives à la conservation de la biodiversité, qu’elle se situe au niveau global, national ou local, dicte le préalable de ce que Morin et al. (2003) appellent « percevoir les interactions et rétroactions où se mêlent et interfèrent les processus économiques, politiques, sociaux, nationaux, ethniques, religieux, mythologiques qui tissent le destin planétaire… ».
Malheureusement, les systèmes d’éducation qui ont formé la plupart des élites ayant actuellement la charge de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques relatives à la conservation de la biodiversité n’ont pas imaginé d’intégrer le besoin d’émergence d’esprits aptes à saisir des problèmes fondamentaux globaux, aptes à comprendre leur complexité dans le processus d’apprentissage.