Interview de Marie Jacquier

 Dans PPI

Docteure Vétérinaire, Ambassadrice de la biodiversité au sein d’Univet Nature et Membre du Groupe de travail Pays en développement & Biodiversité

© Sophie Rodriguez

Marie, vous travaillez aujourd’hui en tant que vétérinaire au sein du Fonds de dotation Univet Nature. Pouvez-vous vous présenter, et préciser notamment les raisons qui vous ont conduit à travailler dans la protection de la nature ? 

Bénévole pour le fonds de dotation Univet Nature durant mes études de vétérinaire, j’ai eu la chance en 2023 de poursuivre mes projets et mes actions en tant que salariée.

Vers l’âge de sept ans le film « Deux-frères » de Jean Jacques Arnaud m’a révoltée et attristée. Le métier de vétérinaire est devenu pour moi un des moyens de protéger les animaux sauvages dans leur environnement naturel et de les soustraire au joug de l’Homme. Toutefois j’ai vite compris que la conservation de la faune sauvage est indissociable de la protection des milieux et du reste de la biodiversité. C’est pourquoi je travaille aujourd’hui au service de la protection de cet ensemble complexe, la « nature ».

Quel est votre parcours professionnel et quelles sont vos plus belles expériences ?

En parallèle de mon doctorat vétérinaire je me suis notamment formée en écologie et en droit animalier afin d’avoir une vision plus large des écosystèmes et de mieux pouvoir en appréhender les enjeux de protection.

C’est lors d’une mission de conservation à Ua Huka, aux Marquises, réalisée avec une consœur, le Dr Blanvillain que j’ai vécu et réellement compris les difficultés de terrain, au sens large, qui font obstacle à la conservation d’une espèce. J’ai également réalisé l’importance de l’épidémiologie et l’ampleur du rôle des espèces exotiques envahissantes dans le déclin d’espèces endémiques comme les oiseaux.

Capture d’espèces introduites pour effectuer des prélèvements à visée épidémiologique © Caroline Blanvillain

Pourquoi avez-vous décidé de vous engager dans la conservation de la biodiversité à l’international et en particulier dans les pays en développement ?

Nous sommes aujourd’hui dans une urgence d’action. Les pays en développement sont ceux qui concentrent un maximum de biodiversité, ce sont donc des lieux cruciaux qu’il faut protéger rapidement, efficacement et significativement. Par ailleurs, les espèces, de faune et de flore, que l’on trouve dans ces pays présentent souvent un fort taux d’endémisme, leur disparition serait alors irrémédiable.

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez aujourd’hui et quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontée dans le cadre de vos actions ? Les réalisations dont vous êtes la plus fière ?

La plus grande partie de mon travail consiste aujourd’hui à rechercher des fonds pour soutenir financièrement des ONG qui sont porteurs de projets sur le terrain. Le défi principal est celui de faire comprendre et de convaincre les entreprises et la société civile d’agir pour une cause dont l’urgence est impalpable et qui n’est pas encore assez mise en avant par nos décisionnaires politiques.

Mon projet intitulé « L’Art au service de la Nature », réalisé en 2023, fut pour moi un moyen de montrer et de convaincre sur la nécessité de préserver la beauté du vivant pour ce qu’elle est, indépendamment de l’utilité qu’elle peut présenter pour nos sociétés actuelles. Je suis convaincue que pour mobiliser, persuader et pousser le plus grand nombre à agir, la beauté est l’un des premiers arguments.

Marie Jacquier avec le peintre Alexis Stephens lors de l’exposition de l’œuvre principale du projet « L’Art au service de la Nature » © Benjamin Griffet

Quel est votre espèce favorite et pourquoi ?

Mon espèce terrestre favorite est sans grande originalité le tigre (Panthera tigris). Mais invisibles à nos yeux ce sont les Chondrichthyens (raies, requins, chimères) qui me fascinent et me touchent. Leur fragilité dénote fortement de la méfiance qu’ils éveillent et des préjugés dont ils sont la cible, liés à la méconnaissance de ces animaux fabuleux.

Comment voyez-vous l’avenir de la planète et les nombreux défis qui se posent aujourd’hui pour concilier à la fois les enjeux de protection de la nature et de développement ?

Je pense qu’il est aujourd’hui impensable de dissocier protection de la biodiversité et avenir de l’humanité. Il ne peut y avoir de développement plus en avant sans protéger la source même qui le permet, à savoir notre planète Terre. Il est primordial de penser à un autre « développement », à une autre évolution de nos sociétés qui reviendraient à un taux de consommation raisonnable et viable pour nos écosystèmes. La sensibilisation et l’éducation sont des outils majeurs pour faire comprendre les enjeux de protection de la biodiversité, pour elle-même mais également pour la survie de l’humanité.

Que vous apporte votre participation au groupe de travail Pays en développement et Biodiversité et vers quelles actions le collectif doit se tourner aujourd’hui ?

J’ai encore très peu d’expérience dans le domaine de la conservation de la biodiversité et mes compétences m’orientent plutôt sur les animaux sauvages et particulièrement l’aspect sanitaire. Ce groupe de travail est pour moi une réelle source d’informations et d’apprentissage à travers les compétences et les expériences variées de chacun.

Ce collectif doit nous permettre de mutualiser nos compétences et les retours d’expérience de chacun afin de mener des actions, rapidement, de plus en plus efficaces sur des sites où les enjeux semblent les plus importants.

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