La réponse de l’UICN au rapport Spécial du GIEC sur l’Océan et la Cryosphère dans le contexte des changements climatiques
Les preuves scientifiques selon laquelle les océans du monde se modifient de façon spectaculaire en raison des changements climatiques sont étayées par un rapport publié aujourd’hui par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ce rapport spécial sur les océans et la cryosphère dans le contexte des changements climatiques (SROCC en anglais) nous plonge au cœur des impacts déjà observés, des risques à venir et des limites quant aux possibilités d’adaptation, mais également des solutions d’adaptation et d’atténuation possibles fondées sur les littoraux et océans.
Atteindre les objectifs d’atténuation fixés par l’Accord de Paris sur les changements climatiques et limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à bien moins de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels est crucial pour prévenir les impacts massifs et irréversibles des changements climatiques sur les écosystèmes côtiers et marins et leurs services. Les Etats sont cependant encore loin de la profonde transformation de la société dont nous avons désespérément besoin pour faire face à ces changements climatiques.
Les Solutions fondées sur la nature (SFN) – comme le réaffirme ce rapport du GIEC – restent un outil essentiel pour s’adapter à ces bouleversements dramatiques, tout en contribuant à atténuer les effets des changements climatiques. Le travail de l’UICN avec ses membres et ses partenaires a considérablement amélioré les conditions politiques en faveur des solutions fondées sur la nature et a contribué à leur mise en œuvre aux niveaux national et local dans des zones marines et côtières.
« L’ampleur de l’assaut que nous, êtres humains, soumettons à l’océan est vraiment bouleversant. Les changements climatiques déciment toujours plus vite la vie marine et mettent en danger les moyens de subsistance de l’homme et notre propre vie » a déclaré la Directrice générale par intérim de l’UICN, Dr Grethel Aguilar. « La communauté mondiale doit agir de toute urgence pour atténuer et s’adapter à ces changements imminents, en exploitant pleinement le potentiel offert par les solutions fondées sur la nature en parallèle de réductions drastiques des émissions. Une action décisive peut encore porter un frein aux pertes alarmantes auxquelles nous assistons. »
Avec l’Initiative sur le carbone bleu, l’UICN contribue à atténuer les changements climatiques en préservant et en restaurant les écosystèmes côtiers et marins. L’initiative continue de faire progresser les connaissances scientifiques sur le principe de carbone bleu et d’accélérer l’action politique, y compris l’intégration dans les Contributions déterminées au niveau national (Nationally Determined Contributions, NDCs) d’actions de gestion des zones côtières.
La protection des écosystèmes côtiers, tels que les mangroves, les herbiers marins et les marais littoraux, peut contribuer à la séquestration continue du carbone. Inversement, la destruction de ces écosystèmes contribue aux émissions de carbone. La gestion durable des zones côtières joue également un rôle vital pour l’Adaptation fondée sur les écosystèmes (Ecosystem-based adaptation), par exemple via la conservation des récifs coralliens. Bien que largement reconnu, l’adaptation fondée sur les écosystèmes reste une solution sous-utilisée dans la lutte immédiate contre les changements climatiques, en dépit des avantages supplémentaires pour la société et la biodiversité que cela fournit.
La mise en place d’aires marines protégées et d’autres mesures d’adaptation, telles que des limites de capture préventives pour prévenir la surpêche, peuvent aider à protéger les écosystèmes océaniques et à protéger les humains des effets des changements climatiques, notamment le réchauffement, la désoxygénation et l’acidification des océans.
Le monde a besoin de toute urgence de nouveaux moyens pour mettre en œuvre et financer de manière durable de telles solutions fondées sur la nature dans les écosystèmes côtiers et marins. C’est pourquoi l’UICN a créé le Mécanisme de financement du capital naturel bleu (Blue Natural Capital Financing Facility) avec le gouvernement luxembourgeois. Ce mécanisme aide les investisseurs à s’impliquer dans la construction d’un avenir durable et résilient au climat, fondé sur l’utilisation durable et la conservation des écosystèmes côtiers et marins.
Bien que de nombreux impacts climatiques sur les terres soient bien connus, on en sait relativement peu sur les impacts des changements climatiques sur nos océans, tels que le réchauffement des océans, la désoxygénation et l’acidification, et en particulier sur les écosystèmes des grands fonds marins. L’UICN aide à combler ce manque de connaissance par la recherche, y compris par un prochain rapport sur la désoxygénation des océans qui doit être publié à la COP25 de la CCNUCC, avec le soutien du gouvernement suédois.
« Une action globale pour faire face à l’état de l’océan n’a jamais été aussi urgente. Les solutions fondées sur la nature qui s’appuient sur la conservation d’écosystèmes tels que les mangroves et les herbiers ont un rôle beaucoup plus important à jouer dans les efforts d’adaptation et contribuent également à atténuer les changements climatiques », a déclaré Minna Epps, directrice du programme marin et polaire de l’UICN.
Mais le message du GIEC est très clair : si les émissions ne sont pas réduites de manière drastique, les océans et leurs écosystèmes ne seront plus les mêmes d’ici la fin de ce siècle. Cela aura des conséquences dramatiques pour les espèces et les écosystèmes, ainsi que pour nous, les êtres humains, dans le monde entier.
Plus d’informations
– Le site internet du GIEC
– Découvrir le rapport
– La recommandation du Comité français de l’UICN demandant ce rapport spécial (Congrès de l’UICN 2016)
– Le site internet de la Plateforme Océan Climat (POC)
– Océan et Changement Climatique : Les nouveaux défis – publication de la POC
– Les Solutions fondées sur la Nature
– Le programme Ecosystèmes
– Le programme Aires protégées