Conservation des collines boisées, l’habitat des chimpanzés de Bossou, Guinée, l’Afrique de l’Ouest
Situées dans la Préfecture de Lola, les collines boisées de Bossou (320 ha) font partie de la Réserve Naturelle des Monts Nimba, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le couvert végétal au pied de ces collines est composé de jachères, de savanes arborées connectées à des petites forêts adjacentes qui abritent une communauté de chimpanzés, espèce en danger critique d’extinction. Bossou et les villages environnants sont un exemple rare de site où les chimpanzés et la population locale cohabitent en relativement bonne harmonie depuis plusieurs générations, partageant les ressources de la même forêt.
En dépit des efforts de protection sur le long terme, les chimpanzés de Bossou sont actuellement isolés des populations de chimpanzés des Monts Nimba avoisinants, ce qui crée un sérieux problème de viabilité pour cette communauté. Les ilots de forêts naturelles qu’habritent encore ces collines ont été endommagés et l’habitat des chimpanzés a été l’objet d’une pression intense qui constitue une grave menace pour leur survie.
Pour répondre au problème, l’ONG AUDER en partenariat avec le PPI apporte un appui à l’Institut de Recherche Environnementale de Bossou (IREB) dans son programme de restauration du corridor vert.
Le projet vise à : (i) Accroître les connaissances des communautés sur les chimpanzés pour favoriser leur participation aux efforts de conservation; (ii) Prévenir et assurer la gestion des feux de brousse autour du corridor et dans les communautés riveraines ; (iii) Améliorer les efforts de reboisement en cours dans le corridor, réaliser les plantations agro-forestières et (iv) Valoriser les meilleures pratiques agricoles par le développement des activités génératrices de revenus (AGR).
À ce jour, l’appui du PPI a permis de réaliser les activités suivantes :
Accroître les connaissances des communautés sur les menaces qui pèsent sur l’habitat des chimpanzés et favoriser leur participation aux efforts de conservation.
Pour accroître la connaissance des communautés sur les menaces d’extinction auxquelles sont confrontés les chimpanzés de Bossou, les superviseurs d’AUDER ont sensibilisés 1 337 personnes dans les communautés riveraines à travers les réunions, assemblées villageoises et émissions radiophoniques. Ces messages ont suscité une forte mobilisation des communautés riveraines dans la gestion des incendies et leur engagement dans la réalisation des plantations agro-forestières dans les zones de savane comme mesure de lutte contre la savanisation et les feux de brousse.
Également à travers des espaces de dialogue et d’échange, AUDER regroupe les élus locaux, leaders d’opinions, services techniques et acteurs évoluant dans la zone sur les questions spécifiques de conservation. A cet effet, trois forums communautaires ont été organisés regroupant au total 101 personnes et ont permis de définir des stratégies de prévention et de gestion des feux de brousse au Monts Nimba, d’élaborer un protocole d’accord pour la protection des collines boisées. Cet accord est a été signé par l’ensemble des parties prenantes (AUDER, IREB, CEGENS, DPEEF et communautés).
Prévenir et assurer la gestion des feux de brousse autour des collines boisées et du corridor et dans les communautés riveraines
Les feux de brousse constituent la principale menace sur l’habitat des chimpanzés et un facteur limitant à la réalisation du programme de restauration du corridor.
Pour ce faire, une brigade de feu de 40 membres a été mise en place et rendue opérationnelle à travers deux sessions de formations organisées sur mesures de prévention et de gestion des feux de brousse et les itinéraires techniques de mise en place d’une plantation agro-forestière. Également des équipements et matériels de travails ont été fournis aux membres de la brigade (brouettes, machettes, casques, lime, arrosoirs, dabas, paires de bottes, imperméables et des pairs de gants).
La brigade a été structurée, elle possède les documents juridiques (le statut et règlements intérieur et l’agrément) ; elle est appuyée sur le terrain par 2 surveillants et 6 guides de l’IREB pour la prévention et la gestion des feux, l’entretien des plantations en vue d’une bonne protection du corridor.
Le projet accompagne l’IREB dans la réalisation des pare feux (bande de protection de 20 m de large et 600 m de long) qui limite le corridor et dans le défrichage et le nettoyage grâce à la mobilisation des trois villages riverains (Bossou, Nyon et Serengbara).
Améliorer les efforts de reboisement en cours et valoriser l’agroforesterie pour réduire la pression sur le coteau
Cette action vise à produire des plants forestiers et agro-forestiers de qualité pour le reboisement des espaces dégradés et également pourvoir les villages riverains en matériel végétal performant pour la réalisation des plantations agro-forestières autour des collines boisées de Bossou et du corridor.
Une pépinière de 23 000 plants agro-forestiers (café, cacao, palmier, anacardes) et quelques plants forestiers a été installée à Theassou pour la campagne de reboisement 2021 grâce à l’appui financier des partenaires du PPI.
La réalisation des plantations agro-forestières doit permettre à long terme de réduire significativement les risques d’incendies dans les collines boisées, protéger les activités de reboisement déjà réalisées et d’empêcher l’avancée progressive de la savane dans la zone. Il s’agit pour AUDER de réduire les systèmes de culture sur le coteau tout en les intégrant dans les systèmes de production durable et d’assurer la promotion sociale et économique des acteurs concernés.
L’appui du projet a permis de reboiser 11,5 ha dans le corridor et 21,9 ha de plantations agro-forestières réalisées autour du corridor. Cette activité s’inscrit dans une dynamique locale de conservation et d’amélioration des conditions de vie des populations riveraines du corridor.
Valoriser les meilleures pratiques agricoles pour réduire la pression autour des collines boisées et du corridor
AUDER apporte son appui à la reconversion et à la spécialisation de certains producteurs à travers la promotion des initiatives locales génératrices de revenus en vue de réduire la pression sur le coteau. L’intensification de la culture légumière contribue à combler les besoins en légumes de plus en plus rares et à améliorer les revenus des femmes. Dans le même contexte, l’ONG développe des aménagements riz piscicoles pour permettre de cultiver le riz et le poisson au même emplacement afin de réduire le nomadisme cultural.
134 membres des groupements maraicher, Associations Villageoises d’Epargne et de Crédit (AVEC) et rizi-piscicoles ont été formées en techniques de compostage pour le maraichage, d’aménagement et de mise en valeur des exploitations rizi-picoles. Aujourd’hui, 13 pratiquent déjà les enseignements reçus en compostage, confection des planches, installation d’une pépinière maraichère et fertilisation des étangs sur leurs sites.
Le projet leur a doté d’outillages et intrants agricoles (brouettes, machettes, pioches, sachets plastiques pour café, cacao et palmier, cordeaux, râteaux, pelles, dabas, houes, arrosoirs, fils d’attache, pinces, haches, décamètres…) pour les rendre plus opérationnels sur le terrain.