Bilan de la Conférence des Nations Unies pour les océans de Lisbonne

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La conférence des Nations Unies pour les océans qui s’est tenue à Lisbonne du 27 juin au 1er juillet avait pour objectif de soutenir la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 14 : Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable.

Elle s’est achevée avec l’adoption par les Etats de la déclaration politique « Our ocean, our future, our responsibility », dans laquelle ils s’engagent à mettre en œuvre les quelques 700 engagements volontaires annoncés à Lisbonne. La déclaration est introduite par le fait qu’« il faut plus d’ambition à tous les niveaux pour répondre à la situation désastreuse de l’océan » et Antonio Guterres, secrétaire général des Nations-Unies, a rappelé que l’ODD14 était le moins financé des objectifs de développement durable.

Présent le 30 juin, le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé la candidature conjointe de la France et du Costa Rica pour l’organisation de la prochaine conférence des Nations unies pour les océans en 2025. Il a notamment rappelé les engagements pris à Brest lors du One Ocean Summit et que 102 États avaient rejoint la Coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples, l’« alliance verte et bleue » en soutien à l’objectif 30/30. Il a annoncé le même jour, lors d’un événement à l’Oceanarium de Lisbonne, être en faveur d’un cadre légal pour mettre un coup d’arrêt à l’exploitation minière des fonds en haute mer et ne pas autoriser de nouvelles activités qui mettraient en danger les écosystèmes. Au début de la conférence, les gouvernements des îles Palaos, Fidji et Samoa ont lancé, avec le soutien d’une centaine de parlementaires de 37 pays, un appel à un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds, comme l’a demandé le Congrès mondial de l’UICN à Marseille. 

Parmi les plénières et les dialogues interactifs qui ont jalonné les cinq jours de débat, voici les éléments de synthèse et les liens de rediffusion des vidéos :

Lutter contre la pollution marine (27 juin)

Chaque année, environ 11 millions de tonnes de plastiques finissent dans les océans. Les États, ont promu une transition vers une économie circulaire du plastique et appelé à la mise en œuvre d’un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique d’ici 2024, comme acté à l’ANUE 5 à Nairobi.

Gérer, protéger, conserver et restaurer les écosystèmes marins et côtiers (28 juin)

En introduction, Elizabeth Mrema, Secrétaire exécutive de la Convention pour la Diversité Biologique, a rappelé le déclin de la biodiversité et la nécessité d’une plus grande mobilisation, et la Secrétaire exécutive de la Convention de RAMSAR, Martha Rojas Urrego, a illustré par la disparition de 67% des mangroves depuis 30 ans, et indiqué que les pertes de zones humides sont 3 fois plus rapides que les pertes de forêt alors qu’elles captent jusqu’à 50 fois plus de carbone. Elle a plaidé, comme de nombreux panélistes, pour développer des solutions fondées sur la nature pour renforcer les liens climat/biodiversité, notamment pour les mangroves et les récifs coralliens. 

Le Prince Albert II de Monaco a appelé à hausser les niveaux de protection des aires marines protégées en indiquant que seuls 2,4% sur les 8% correspondaient à de la protection forte. Minna Epps, Cheffe de l’Equipe Océan du Centre de l’UICN pour les actions de conservation, a appelé à soutenir l’adoption de l’objectif 30×30 dans le cadre des négociations pour la prochaine COP de la CDB, en rappelant que cet objectif est aussi soutenu par le GIEC, et l’importance de l’amélioration de la qualité de la gestion en référence à la Liste verte des aires protégées et conservées de l’UICN qui constitue aujourd’hui une référence mondiale pour progresser dans cette voie. Elle a aussi demandé le développement des autres mesures de conservation efficace par zone, une protection ambitieuse de la haute mer, et une réduction des impacts cumulés.  

Heremoana Maamaatuaiahutapu, Ministre de la culture et de l’environnement de la Polynésie française a quant lui a annoncé son intention de s’engager davantage dans la protection des récifs coralliens.

Minimiser et traiter l’acidification, la désoxygénation et le réchauffement des océans

John Kerry, envoyé spécial pour le climat des Etats-Unis a introduit les échanges en rappelant que l’océan absorbe 90% de l’excès de chaleur, et a appelé l’OMI à adopter des cibles plus ambitieuses, et à accompagner l’évolution vers des navires plus verts. Loreley Picourt, directrice exécutive de la plateforme Océan-Climat s’est félicitée de la prise en compte des océans dans les dialogues sur le climat depuis la COP 21.

Rendre la pêche durable et permettre aux petits pêcheurs artisanaux d’accéder aux ressources et aux marchés marins (29 juin)

Le rapport de la FAO sur la situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2022 été lancé. La production totale a atteint un record de 214 millions de tonnes dont 90.3 millions de tonnes pour les captures, 87.5 pour l’aquaculture et 36 millions de tonnes pour les algues.

L’UIICN a ensuite rappelé l’importance de mettre un terme aux captures accidentelles, responsables de la mort de milliers de dauphins, tortues, requins et oiseaux marins. 

Accroître les connaissances scientifiques et développer la capacité de recherche et le transfert de technologie marine

Amélie de Montchalin, Ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, a introduit les échanges en rappelant la mobilisation de la France pour protéger et exploiter durablement les océans, à travers la structuration de la flotte océanographique, l’implication sur la conclusion de l’accord sur la haute mer (BBNJ), et la constitution de Mercator en organisation intergouvernementale. Elle a rappelé le projet français de cartographier ses ZEE et le projet de jumeau numérique de Mercator océan. Elle a conclu les échanges en soulignant que la science devait fonder la prise de décision politique pour la protection de l’environnent. 

Pour aller plus loin

Position de l’UICN en amont de la Conférence des Nations Unies sur les océans

One Ocean Summit : le bilan

Grands fonds marins : le Comité français de l’UICN soutient leur protection face aux dangers de l’exploitation minière

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