5ème Congrès international des aires marines protégées : le Comité français de l’UICN propose de nouvelles recommandations pour la protection forte en mer
À l’occasion du cinquième Congrès international sur les aires marines protégées (IMPAC5), qui s’ouvre aujourd’hui à Vancouver, le Comité français de l’UICN publie deux nouveaux rapports pour identifier les zones de protection forte dans les espaces maritimes français de Saint-Pierre-et-Miquelon, de la Guyane, des Antilles françaises et du bassin Sud océan Indien.
À l’initiative de l’UICN et coorganisé avec la Société pour la nature et les parcs du Canada, le Congrès IMPAC5 va élaborer la feuille de route pour la conservation des océans afin de mettre en œuvre le nouveau Cadre mondial pour la biodiversité post 2020, et en particulier sa cible 3, qui vise à protéger au moins 30 % des océans de la planète d’ici 2030 grâce à des aires marines protégées.
Avec sa stratégie nationale 2020-2030 pour les aires protégées, la France s’est engagée à protéger, d’ici 2030, au moins 30 % des espaces terrestres et marins dont un tiers sous protection forte, soit 10%. Les zones de protection forte en mer représentent actuellement 4 % du domaine maritime français.
Après un premier rapport du Comité français de l’UICN qui formulait des recommandations sur la définition et la mise en œuvre des zones de protection forte en mer en accord avec les standards internationaux de l’UICN en matière d’aires marines protégées, un second proposait des sites pour la métropole. Aujourd’hui, le Comité français de l’UICN poursuit ses propositions sur les zones de protection forte en mer à Saint-Pierre-et-Miquelon, en Guyane, dans les Antilles françaises et dans le bassin Sud océan Indien (Réunion, Mayotte, Terres australes et antarctiques françaises, îles Eparses).
Pour chacun des territoires ultramarins, le rapport présente les enjeux de conservation décrits dans les documents stratégiques de bassin maritime (DSBM) ou dans les analyses stratégiques régionales, ainsi que le réseau d’aires marines protégées en place. Sur la base de ce bilan et en s’appuyant sur l’expertise de son réseau, le Comité français de l’UICN émet des recommandations pour répondre efficacement aux enjeux de conservation de la biodiversité marine et progresser rapidement vers la mise en place d’un réseau cohérent et représentatif de zones de protection forte en mer.
"Ce congrès est une occasion unique pour la communauté internationale des gestionnaires et praticiens de la conservation marine pour renforcer la protection de la biodiversité marine et sauvegarder le patrimoine naturel et culturel de l’océan."
Maud Lelièvre, Présidente du Comité français de l’UICN
Le Comité français de l’UICN y participe de façon efficace à travers la publication de ces rapports mettant en valeur la particularité de notre territoire national et son importance, puisque la France possède le 2ème domaine maritime mondial.
Retour sur les précédents Congrès internationaux des aires marines protégées (IMPAC)
Co-organisés par l’Union internationale pour la conservation de la nature, les Congrès internationaux des aires marines protégées (IMPAC) ont lieu tous les quatre ans et représentent une occasion pour la communauté internationale des gestionnaires et praticiens de la conservation marine d’échanger des connaissances, des expériences et des pratiques exemplaires pour renforcer la conservation de la biodiversité marine et protéger le patrimoine naturel et culturel de l’océan.
Rétrospective depuis la première édition en 2005 :
- IMPAC 1, Geelong, Australie, octobre 2005 : le congrès a réuni 800 participants, principalement scientifiques et représentants d’organismes de recherche et gestion de l’environnement marin. Le congrès donne une impulsion mondiale aux aires marines protégées.
- IMPAC 2, Washington, octobre 2009 : le congrès a fait émerger l’arrivée des sciences sociales et des enjeux socio-économiques dans les pratiques de gestion des aires marines protégées (AMP). L’événement phare pour la France a été la reconnaissance de l’Agence des aires marines protégées sur la scène internationale et la décision de lui confier la co-organisation d’IMPAC 3 en octobre 2013 à Marseille.
- IMPAC 3, Marseille, France, octobre 2013 : cette 3ème édition se situe au cœur d’une nouvelle dynamique en termes de protection du milieu marin avec l’adoption un an plus tôt des objectifs d’Aichi (visant 10 % d’AMP en 2020) et avec le Grenelle de la mer (où la France s’est engagée à parvenir à 20 % d’AMP dont 10 % de réserves de pêche en 2020). Cette évolution des objectifs surfaciques impliquait une nécessaire association de la société civile dans la gestion et la gouvernance des AMP. Ainsi, l’agence des aires marines protégées et l’UICN ont voulu placer IMPAC3 sous le concept de l’ « océanité », approche proposée comme chemin indispensable vers la durabilité des océans en valorisant les apports bénéfiques des AMP, traduits par le slogan O+ ou Ocean+.
- IMPAC 4, La Serena, Chili, septembre 2017 : le congrès avait pour thème : « aires marines protégées: réunir les hommes et l’océan ». Le Congrès s’est conclu par un appel à l’action en faveur des océans. Cet appel encourage les Etats à atteindre l’ensemble des composantes de l’objectif 11 d’Aichi et l’objectif de développement durable 14. Il insiste également sur la qualité de gestion et la nécessité d’une gouvernance inclusive des acteurs à tous niveaux, et favoriser la création d’aires marines protégées au-delà des juridictions nationales. En relation avec l’accord de Paris, une attention particulière a été portée à l’adaptation et l’atténuation du changement climatique dans les stratégies des aires marines protégées.