3ème édition de la Journée internationale des mangroves en Guadeloupe
Cette troisième édition guadeloupéenne a rassemblé plus de 100 personnes, ce jeudi 26 juillet, pour partir à la découverte de l’écosystème et des croyances magico-religieuses qui lui sont liées.
À la fois zone d’ultime refuge et lieu emprunt d’un réalisme fantastique parfois inquiétant, cette forêt difficilement pénétrable nourrit depuis longtemps l’imaginaire des sociétés qui la côtoie. Mais avant d’aborder le kenbwa an Gwada, an nou gadé mangrov la !
Guidés par M. Éric Léopold, garde du littoral de la commune de Morne-à-l’Eau, les visiteurs ont pu découvrir la mangrove et la forêt marécageuse du site de Babin. Opportunité parfaite pour découvrir la transition entre ces deux écosystèmes, du point de vue de la succession des espèces d’arbres par exemple.
Palétuviers rouges aux racines courbées, palétuviers noirs aux drôles de « tubas » qui sortent de terre, mangles médailles ou « Sang-Dragon », fromagers abritant des Soukougnans, diversité des crabes… un beau parcours émaillé d’anecdotes enrichissantes sur la nature, un plaisir pour les yeux.
À la fin du parcours, le sociologue et historien M. Franck Garain a pris le relais pour évoquer le thème des pratiques magico-religieuses en Guadeloupe et dans les Antilles de manière générale, puis autour de la mangrove en particulier. Le terme kenbwa désigne une forme de magie utilisée dans les Antilles pour apporter bonheur et protection ou pour lutter contre des forces malveillantes, des ennemis. Cette magie repose sur l’accumulation de croyances aux origines diverses – de l’Afrique à l’Inde en passant par l’Europe – ce qui est caractéristique de ces territoires. Une exposition photographique sur ces rites magiques ont permis aux visiteurs, le long d’un cheminement sur le site, de découvrir leur signification et leur application concrète : assemblages d’objets, de matières, d’un autel… autant de formes incantatrices qui parfois passent inaperçues pour celui qui n’y est pas initié !
Après un Bik à pawol final où les participants se sont exprimés sur leurs interrogations et même leurs propres expériences, cette matinée a tenu toutes ces promesses…
La deuxième partie de cette journée a été dédiée à l’accueil des enfants du centre de loisir sans hébergements (CLSH) Paradi à timoun. Au programme : fabrication de masques magiques et conte sur la mangrove ! L’atelier « masques », permettant aux enfants de manipuler des matériaux naturels tout en appelant à leur sens artistique, s’est donc effectué en continuité avec le thème de la journée.
Tout comme l’intervention interactive de M. Pascal Solvé, à la fois contée et chantée, accompagné de son musicien aux instruments évocateurs des bruits de la mangrove et qui a partagé avec les enfants le message important de la respecter, point d’orgue final de cette journée haute en couleur !