Liste rouge de l’UICN : Les girafes et de nouvelles espèces d’oiseaux menacées

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Cancun, Mexique, 7 décembre 2016 (UICN) – Plus de 700 espèces d’oiseaux nouvellement identifiées ont été évaluées pour la dernière mise à jour de la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN, et 11% d’entre elles sont menacées d’extinction. Cette mise à jour révèle un déclin dévastateur de la girafe, causé par la destruction des habitats, les troubles civils et la chasse illégale. La population totale de la girafe a subi un déclin de 40% ces 30 dernières années. Elle est classée dans la catégorie Vulnérable sur la Liste rouge de l’UICN. 

© D. McCoy

La mise à jour de la Liste rouge publiée aujourd’hui comprend aussi les premières évaluations d’espèces sauvages d’orge, de mangue et d’avoine, ainsi que d’autres espèces sauvages apparentées à des plantes cultivées. Ces espèces sont de plus en plus importantes pour la sécurité alimentaire, car leur diversité génétique peut contribuer à améliorer la résistance des cultures aux maladies, à la sécheresse et à la salinité.

La mise à jour de la Liste rouge a été publiée aujourd’hui lors de la 13e session de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB COP13), qui a lieu à Cancun, au Mexique. La Liste rouge de l’UICN comprend actuellement 85 604 espèces, dont 24 307 sont menacées d’extinction.  

 « Un grand nombre d’espèces disparaissent avant même d’avoir été décrites, » déclare Mme Inger Andersen, Directrice générale de l’UICN. « Cette mise à jour de la Liste rouge de l’UICN montre que l’ampleur de la crise mondiale de l’extinction pourrait être supérieure à ce que nous pensions. Les gouvernements réunis à Cancun lors du sommet de la biodiversité des Nations Unies ont l’immense responsabilité d’intensifier leurs efforts afin de sauvegarder la biodiversité de notre planète, et ceci non pas seulement pour son propre bien, mais pour répondre à des impératifs humains tels que la sécurité alimentaire et le développement durable.» 

 

Des espèces d’oiseaux nouvellement identifiées et déjà menacées

Cette mise à jour de la Liste rouge de l’UICN comprend une nouvelle évaluation de toutes les espèces d’oiseaux. Grâce à une étude taxonomique très complète réalisée par BirdLife International en collaboration avec le Handbook of the Birds of the World (Guide des oiseaux du monde), 11 121 espèces d’oiseaux au total ont été évaluées.

742 espèces d’oiseaux nouvellement identifiées ont été évaluées, dont 11% sont menacées. Par exemple, le Troglodyte de Serna (Thryophilus sernai), récemment décrit, est classé En danger, car plus de la moitié de son habitat pourrait disparaître suite à la construction prévue d’un barrage. L’Artamie azurée des Comores (Cyanolanius comorensis) est aussi En danger à cause de la perte de ses habitats due à l’agriculture et à la dégradation causée par des plantes envahissantes.

Parmi les espèces d’oiseaux nouvellement identifiées, treize entrent dans la Liste rouge dans la catégorie Éteinte. Un grand nombre d’entre elles, dont Acrocephalus yamashinae, une espèce de l’île de Pagan, l’Akepa de O’ahu (Loxops wolstenholmei) et l’’Apapane de Laysan (Himatione fraithii) ont disparu au cours des 50 dernières années. Toutes ces espèces étaient endémiques de différentes îles, probablement anéanties par des espèces envahissantes.

« Malheureusement, l’identification de plus de 700 espèces « nouvelles » ne signifie pas que les oiseaux de la planète se portent mieux », précise Ian Burfield, Coordinateur scientifique mondial de BirdLife. « À mesure que nous approfondissons nos connaissances, nos craintes se confirment : l’agriculture non durable, l’exploitation forestière, les espèces envahissantes et d’autres menaces, comme le commerce illégal qui a été mis en relief ici, continuent à conduire beaucoup d’espèces vers l’extinction. » 

Les évaluations de la Liste rouge de l’UICN montrent aussi que des oiseaux très populaires pourraient bientôt disparaître à l’état sauvage si des mesures de sauvegarde adéquates ne sont pas prises. Des espèces emblématiques, comme le Perroquet jaco (Psittacus erithacus) – un animal de compagnie très prisé capable d’imiter le langage humain,- risquent de disparaître à l’état sauvage, dû à la destruction des habitats et à des captures non durables. Le perroquet jaco, natif d’Afrique centrale, était classé Vulnerable et est maintenant En danger. Une étude dirigée par BirdLife International a constaté que, dans certains secteurs du continent, les populations de perroquet jaco ont diminué de 99%.

La situation est particulièrement urgente en Asie : le Garrulaxe à front roux (Garrulax rufifrons), le Loriquet de Forsten (Trichoglossus forsteni) et le Bulbul à tête jaune (Pycnonotus zeylanicus), parmi d’autres espèces, sont reclassés dans des catégories de risque plus élevées en raison de l’impact du commerce illégal de faune sauvage. Il a été prouvé que les méthodes de capture non durables réalisées pour le commerce des oiseaux, particulièrement à Java, sont responsables de l’aggravation du statut de nombreuses espèces.

Cependant, la situation s’améliore pour certains des oiseaux les plus rares et les plus vulnérables de la planète : ceux qui se trouvent seulement sur de petites îles isolées. Le Bouvreuil des Açores (Pyrrhula murina), le Pluvier de Sainte-Hélène (Charadrius sanctaehelenae), et le Zostérops des Seychelles (Zosterops modestus) font partie des espèces endémiques insulaires qui sont maintenant classées dans des catégories de risque moins élevées, leur statut s’étant amélioré grâce à d’intenses efforts de conservation, après avoir été au bord de l’extinction.

 

La girafe

L’emblématique girafe (Giraffa camelopardalis), le mammifère le plus grand en hauteur et l’un des animaux les plus reconnaissables de la planète, est maintenant menacée d’extinction. L’espèce, répandue en Afrique australe et orientale, avec des sous-populations plus petites et isolées en Afrique occidentale et centrale, passe de la catégorie Préoccupation mineure à Vulnérable, car les populations ont subi un déclin dramatique atteignant 36 à 40%, passant d’environ 151 702 ou 163 452 girafes en 1985, à 97 562 in 2015.

La croissance de la population humaine a des effets négatifs sur de nombreuses sous-populations de girafes. La chasse illégale, la destruction des habitats, l’expansion de l’agriculture et des exploitations minières, les conflits croissants entre l’homme et la faune sauvage, ainsi que les troubles civils, poussent l’espèce vers l’extinction. Sur les neuf sous-espèces de girafes, trois comptent des populations en croissance, cinq des populations en déclin et une reste stable.

Une résolution adoptée lors du Congrès mondial de la nature en septembre dernier appelle à prendre des mesures pour inverser le déclin de la girafe.

 

Espèces sauvages apparentées aux plantes cultivées

Avec cette mise à jour, les premières évaluations de 233 espèces sauvages apparentées aux plantes cultivées, dont l’orge, l’avoine et les tournesols, s’ajoutent à la Liste rouge de l’UICN. La perte des habitats, principalement en raison de l’expansion agricole, représente la menace la plus importante pour ces espèces. Cette évaluation a été menée dans le cadre d’un partenariat entre Toyota et l’UICN, dans le but d’étendre la portée de la Liste rouge pour y inclure le risque d’extinction de nombreuses espèces qui sont des sources alimentaires primordiales pour une part importante de la population mondiale.

Les espèces sauvages apparentées aux plantes cultivées sont une source de matériel génétique pour de « nouvelles » espèces cultivées, ce qui permet d’améliorer la résistance aux maladies et à la sécheresse, la fertilité, la valeur nutritionnelle et d’autres caractéristiques souhaitables. Quasiment toutes les espèces végétales domestiquées et cultivées par l’homme à l’heure actuelle comptent des espèces sauvages apparentées, mais ces dernières avaient retenu peu d’attention de conservation systématique jusqu’à présent.

Quatre espèces de manguier ont été classées En danger, et la Mangue Kalimantan (Mangifera casturi) a été classée Éteinte à l’état sauvage. Ces espèces sont apparentées au manguier domestique (Mangifera indica) et se trouvent menacées en raison de la destruction de leurs habitats. Natifs de l’Asie du Sud, les manguiers sont cultivés à l’heure actuelle dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux ; la mangue est l’un des fruits à plus forte valeur commerciale dans ces régions.

Asparagus kiusianus (hamatamabouki), une espèce sauvage originaire du Japon et apparentée à l’asperge cultivée, a été classée En danger à cause de la perte de ses habitats due à l’urbanisation et à l’agriculture. La destruction des habitats est aussi la menace principale pour Helianthus anomalus, une espèce sauvage classée Vulnérable et apparentée au tournesol (H. annuus). Cicer bijugum, une espèce sauvage autochtone de l’Iran et la Turquie, est apparentée au pois chiche (C. arietinum) et est classée En danger en raison de la conversion de ses habitats à des usages agricoles.

« Les espèces sauvages apparentées aux plantes cultivées sont de plus en plus menacées en raison de l’urbanisation, la fragmentation des habitats et l’agriculture intensive et, très probablement, du changement climatique » déclare Kevin Butt, Directeur gérant et Directeur de durabilité environnementale régionale à  Toyota Amérique du Nord. « Afin de conserver ce capital génétique vital pour l’amélioration des cultures il est urgent de mieux connaître ces espèces. Nous sommes heureux d’apporter le soutien de Toyota à l’évaluation de ces espèces, parmi d’autres, pour la Liste rouge de l’UICN. »

 

Espèces d’eau douce – Le lac Victoria

Cette mise à jour comprend tous les mollusques, crabes, libellules et poissons d’eau douce autochtones du lac Victoria en Afrique centrale. Les espèces du lac Victoria, connu autrefois sous le nom de « vivier de rêve de Darwin » à cause de sa riche biodiversité, sont menacées par des espèces envahissantes, notamment la perche du Nil (Lates niloticus), ainsi que par la surexploitation, la sédimentation due à l’exploitation forestière et l’agriculture, et par la pollution des eaux par des herbicides et des pesticides.

 

Pour plus d’informations 

• Communiqué de presse
Goska Bonnaveira, Relations médias UICN, portable +41 79 276 0185, goska.bonnaveira@iucn.org
Ewa Magiera, Relations médias UICN, portable +41 76 505 33 78, ewa.magiera@iucn.org

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