Protection de la haute mer : gardons le cap et adoptons un traité ambitieux en 2022

 Dans Actualités, Actualités Aires Protégées, Actualités Politiques de la biodiversité

Alors que se terminait vendredi 18 mars la quatrième session de négociations sur la haute mer – dit “BBNJ” (Biodiversity Beyond National Jurisdictions) – à New-York, le Comité français de l’UICN salue la dynamique impulsée et exhorte les États à finaliser et adopter un traité sur la haute mer ambitieux et opérationnel, lors de la 5ème session prévue en août 2022.  

Ce nouveau rendez-vous décisif pour la gouvernance de l’océan fait suite au One Ocean Summit de Brest en février, qui voyait le lancement par l’Union Européenne et 13 autres pays d’une coalition de la haute ambition pour conclure un traité international destiné à protéger la haute mer.  

Représentant près de la moitié de la surface du globe, la haute mer est considérée comme une zone quasiment non réglementée, comprenant selon la Convention sur le droit de la mer (CNUDM, 1982) tout l’espace marin non soumis à la juridiction des États côtiers et où prévaut le principe de la liberté. Aujourd’hui moins de 1% de la haute mer est hautement protégé et il n’existe pas de critères uniformes pour la réalisation d’études d’impact environnemental pour ces espaces vulnérables.

En effet, le changement climatique, l’acidification et la désoxygénation de l’océan, la surpêche, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, l’exploitation minière en eaux profondes, la destruction des habitats, le bruit, ou encore la pollution chimique et plastique figurent parmi les nombreuses menaces pour la biodiversité marine.

Pour répondre à ce manque de réglementation, et après dix années de préparation, la conférence BBNJ a rassemblé les représentants de 196 États du 7 au 18 mars à New-York, pour poursuivre les travaux repris en septembre 2020.

Les négociations ont porté sur quatre sujets clés : les outils de gestion par zone, en particulier les Aires Marines Protégées, les études d’impact sur l’environnement, les ressources génétiques marines incluant les questions relatives au partage des avantages issus de leur exploitation, et le renforcement des capacités et le transfert de technologies. 

Si les discussions n’ont pas été conclusives, les pays ont entamé un réel processus de négociation que nous souhaitons voir aboutir cette année. Mais pour garder le cap de la protection de l’océan, le Comité français de l’UICN rappelle ses attentes et recommandations : 

Concernant les aires marines protégées (AMP), il est essentiel que le traité permette la mise en place d’un réseau écologiquement représentatif, bien connecté et bien géré d’Aires Marines Protégées, dont une part substantielle hautement et entièrement protégées. L’UICN se félicite à ce sujet de la reconnaissance par les négociateurs du rôle de la Conférence des Parties (COP) et demande à ce qu’elle puisse avoir un rôle actif pour les aires marines protégées et la conservation de la biodiversité marine, même lorsqu’il existe déjà d’autres organismes compétents.

Pour les études d’impact environnemental, sujet qui a également fait débat, il apparaît essentiel que le traité prévoie un système commun, rigoureux, intégré, indépendant et fondé sur la science d’évaluation, de gestion et de suivi des effets individuels et cumulatifs des activités humaines et du changement climatique sur la biodiversité marine de la haute mer. Il est important que les activités affectant la biodiversité soient évaluées selon des normes communes et élevées, et que les États élaborent des évaluations environnementales stratégiques (EES) pour constituer une base de connaissances partagées et permettant de prendre les décisions nécessaires pour la préservation de la biodiversité marine.

Enfin, nous soutenons la mise en place d’un organe scientifique et technique chargé de conseiller et évaluer de manière indépendante les processus relatifs à ces évaluations et aux AMP.  En conclusion, nous appelons à l’adoption en 2022 de ce traité international sur la haute mer conformément à la recommandation du Congrès mondial de l’UICN de Marseille.

Articles récents
Nous contacter

Pour plus d'information sur l'UICN comité français, n'hésitez pas à nous écrire.

Illisible ? Changez de texte captcha txt
liste verte
X