Natura 2000, quel bilan après 30 ans de service pour la nature ?
A l’initiative de la Présidence française de l’Union Européenne, les États membres se réunissent les 24 et 25 février 2022, à Strasbourg, pour célébrer les 30 ans du réseau Natura 2000, plus vaste réseau d’espaces naturels terrestres et marins protégés et gérés du monde.
A l’origine centré sur les sites terrestres, en application des directives européennes Oiseaux (1979, révisée en 2009) et Habitats faune flore (1992), le réseau a été déployé en mer à partir de 2008, avec un double objectif de préserver la diversité biologique et de valoriser le patrimoine naturel des territoires, tout en tenant compte des activités économiques, sociales et culturelles, ainsi que des particularités régionales.
En Europe, les sites Natura 2000 couvrent actuellement 18,15 % de la surface terrestre et 9,8% des eaux marines. Sur le territoire français, il s’agit de 13% de la surface terrestre (7 millions d’hectares) et 35,7% de la surface marine de la ZEE.
La France a une responsabilité importante dans ce réseau tant par la diversité de ses paysages que par la richesse de la faune et de la flore qu’ils abritent. A ce jour, ce sont 132 types d’habitats naturels d’intérêt communautaire (57 % des habitats naturels européens), 102 espèces animales identifiées à l’annexe II de la directive Habitats faune flore (20 % des espèces annexe II), 63 espèces végétales identifiées à l’annexe II de la directive Habitats faune flore (10 %) et 123 espèces d’oiseaux identifiées à l’annexe I de la directive Oiseaux (62 %).
Natura 2000 est une avancée majeure pour la conservation de la nature en Europe mais reste confrontée à de nombreux défis car la biodiversité terrestre et marine continue de subir de fortes pressions liées aux activités humaines. Or son objectif est d’assurer un bon état de conservation pour tous les habitats et espèces d’intérêt communautaire.
Selon le Centre d’expertise et de données sur le patrimoine naturel (PatriNat), environ 70% des espèces et plus de 90% des habitats des écosystèmes humides et aquatiques sont dans un état défavorable-mauvais ou défavorable-inadéquat de conservation. L’intensification agricole est identifiée comme étant le principal facteur de pression sur ce milieu ainsi que l’urbanisation et l’industrialisation. Elles menacent également nos écosystèmes littoraux, dont moins de 10% des habitats et environ 20% des espèces sont dans un état de conservation favorable.
Quant au milieu marin, 40% de la mer territoriale est aujourd’hui couverte par le réseau Natura 2000, auquel il faut ajouter le réseau Natura 2000 au large. Cette évolution surfacique récente demande de renforcer les moyens humains et financiers pour améliorer la conservation de la biodiversité marine, comme le suggère le rapport de la cour des comptes européenne qui conclue que les aires marines protégées en Europe, qui sont en grande partie des sites Natura 2000, offrent peu de protection.
Les sites Natura 2000 constituent par ailleurs une opportunité pour la mise en œuvre de l’objectif des 10% de zones de protection stricte, adoptée par la stratégie européenne pour la biodiversité d’ici 2030, en y adossant progressivement des réglementations.
Plus d’informations
– Le site internet de Nature 2000
– La conférence ministérielle 30 ans du réseau Natura 2000
– Le programme « Aires protégées » du Comité français de l’UICN