Cri d’alarme sur les dégradations de la biodiversité à Mayotte
Les défrichements de la forêt de Mayotte provoquent une disparition de la biodiversité, une érosion des sols, une réduction de la ressource en eau et une sédimentation accrue d’un des plus beaux lagons du monde : ce sont l’ensemble de ces dégradations que pointent du doigt le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) et le Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel (CSPN) de Mayotte dans une motion conjointe publiée le 5 janvier 2O21.
Ce cri d’alarme sur la destruction de la biodiversité et du patrimoine naturel de Mayotte est lancé six mois après celui du Comité français de l’UICN, qui alertait en juin dernier sur la déforestation galopante suite à la publication de nouvelles données sur le couvert forestier. Une lettre ouverte largement relayée dans les médias faisait alors état d’un défrichement forestier de 1500 ha au cours de la période 2011-2016, hissant Mayotte au triste rang du département le plus déforesté de France- à des niveaux similaires à ceux de l’Indonésie ou de l’Argentine !
La motion du CNPN souligne les conséquences catastrophiques de pratiques agricoles incontrôlées sur la forêt et d’autres milieux ou espèces végétales et animales iconiques du territoire (crabier blanc, tortues marines, dugong, plantes endémiques), mais aussi sur les services rendus par les forêts en matière de ressource en eau et de rétention des sédiments.
« Ces profondes dégradations impactent directement la vie des mahorais et contribuent chaque jour à réduire la qualité des services rendus par la nature », souligne la motion. « Ces fragiles équilibres ne tiennent plus qu’à un fil ».
Afin de renverser cette tendance dramatique, le CNPN propose une mobilisation forte de l’ensemble des acteurs pour arrêter le saccage de la biodiversité de Mayotte. Le Comité français de l’UICN avait proposé en juin dernier de créer rapidement la Réserve Naturelle Nationale des forêts de Mayotte, de réviser le code forestier et d’augmenter l’effort de surveillance des forêts publiques et privées. La protection des forêts au sein des documents d’urbanisme et d’aménagement du territoire, le développement de l’agroforesterie de manière adaptée au contexte de Mayotte, et la généralisation des actions de restauration des milieux naturels sont également nécessaires. Un projet a été proposé en ce sens par le Comité français en partenariat avec Mayotte Nature Environnement et le département de Mayotte, visant à sensibiliser les scolaires, échanger sur des pratique culturales innovantes, et restaurer la forêt au sein des zones agricoles et urbaines, en lien avec des associations locales.
La Réserve Naturelle Nationale des forêts de Mayotte protégera 2 800 hectares, et la soumission récente de 1 500 ha supplémentaires en forêt publique est une avancée à concrétiser au plus vite.
Le territoire français de Mayotte, situé au sein d’un point chaud de la biodiversité associant Madagascar et des îles alentour, abrite sur 370 km² seulement de surface terrestre plus de 700 espèces indigènes, dont 59 qu’on ne trouve qu’à Mayotte. Au vu de la destruction dramatique des écosystèmes des autres îles de l’archipel des Comores, il est particulièrement important de préserver ce patrimoine naturel exceptionnel.
Plus d’informations
– La motion conjointe du CNPN et du CSPN (janvier 2021)
– Retour l’article « Alerte sur la déforestation à Mayotte »
– La lettre ouverte du Comité français de l’UICN alertant sur la déforestation à Mayotte (juin 2020)
– Nos actions à Mayotte