Biodiversité et changement climatique

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L’escalade des effets du changement climatique sur les espèces

Une publication scientifique réalisée par 18 experts de l’UICN a évalué la vulnérabilité des espèces face aux changements climatiques et indique que le temps est compté pour la survie de nombreuses espèces. La publication fournit également des conseils sur la réalisation d’évaluations rigoureuses, qui prennent en compte les différentes façons dont le changement climatique peut devenir une menace pour les espèces. Ces travaux contribueront à mieux intégrer les menaces liées aux changements climatiques dans la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN.

« Avec des espèces dans le monde de plus en plus touchées par le changement climatique, nous avons un besoin urgent de moyens fiables pour mesurer leur vulnérabilité – ce n’est qu’alors que nous pourrons identifier les plus menacées », affirme Wendy Foden, l’auteure principale et présidente du Groupe de spécialistes sur les changement climatiques de la Commission de Sauvegarde des espèces de l’UICN. « Les effets des changements climatiques sur les espèces varient considérablement ; ce document fournit des conseils pratiques sur la façon de mesurer leur vulnérabilité globale de manière précise et comparable, depuis celles vivant dans la toundra jusqu’à celles des forêts équatoriales. Comprendre ce qui rend les espèces vulnérables garantit que les efforts de conservation sont aussi ciblés et efficaces que possible. »

Les effets du changement climatique sur les espèces vont de la hausse du niveau de la mer à la destruction des habitats jusqu’aux variations dans la disponibilité des ressources alimentaires, comme c’est le cas pour de nombreux oiseaux marins. Les auteurs soulignent que les évaluations devraient déterminer toutes les pressions auxquelles les plantes, les animaux et les champignons font face à cause du changement climatique, puis choisir les méthodes et données d’évaluation appropriées.

Il existe de plus en plus de preuves sur les probabilités d’extinction des espèces due au changement climatique, avec la première disparition documentée du Rat à queue mosaïque de Bramble Cay (Melomys rubicola), enregistrée en 2016. Les changements climatiques anthropiques affectent déjà les espèces dans la plupart des latitudes et dans la plupart des types d’habitats naturels, y compris les récifs coralliens, les forêts, la toundra, les déserts, les prairies et les zones humides. Le changement climatique est une menace pour près d’un cinquième des espèces menacées de la Liste rouge de l’UICN.

« Les sociétés du monde entier ont besoin d’écosystèmes sains et fonctionnels pour soutenir la vie humaine », affirme Sandeep Sengupta, Coordinateur mondial sur les changements climatiques de l’UICN. « Le changement climatique transforme de plus en plus les systèmes naturels du monde, et nous devons être en mesure de prédire avec précision comment cela se produira pour se préparer aux conséquences. Des évaluations approfondies sur la vulnérabilité au changement climatique sont essentielles pour que nous soyons aussi préparés que possible face aux changements spectaculaires prévus. »

Selon le rapport, à ce jour, les évaluations sur la vulnérabilité au changement climatique ont eu tendance à négliger les espèces qui ont de petites répartitions, comme de nombreux amphibiens subsahariens, et à sous-estimer les risques pour celles qui déclinent en nombre ou en répartition. Les auteurs avertissent que cela est particulièrement préoccupant, car ces espèces sont aussi davantage exposées à un plus grand risque d’extinction.

Les auteurs ont apporté leur expertise sur les six continents, pour la plupart des écosystèmes, des océans aux déserts, et à une large gamme d’espèces, de mammifères aux plantes et aux insectes. Les orientations qu’ils présentent reposent sur un consensus élaboré au moyen du document « Lignes directrices de la Commission de sauvegarde des espèces pour évaluer la vulnérabilité des espèces face au changement climatique.« 

L’article scientifique intitulé « Évaluation de la vulnérabilité des espèces face aux changements climatiques » a été publié dans la revue WIREs Climate Change.

 

Le GIEC alerte de son côté sur les conséquences d’un réchauffement des températures au-delà de 1,5°C

L’accord de Paris sur le Climat, adopté en décembre 2015 lors de la COP21, prévoit de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. A la demande des pays les plus vulnérables, comme les nations insulaires menacées de submersion par la montée des océans, a été ajoutée la nécessité de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5°C. Les Etats ont alors commandé au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) un rapport spécial sur « les impacts d’un réchauffement global de 1,5 °C et les trajectoires d’émissions mondiales de gaz à effet de serre associées ».

Ce rapport de 400 pages, établi par près d’une centaine d’auteurs de 40 pays sur la base de plus de 6 000 études scientifiques, donne lieu à un « résumé à l’intention des décideurs » d’une vingtaine de pages, destiné à éclairer les gouvernements.

Il les alertent sur les conséquences d’un réchauffement au-delà de 1,5°C.

Vagues de chaleur, extinctions d’espèces, déstabilisation des calottes polaires, montée des océans sur le long terme… Toute augmentation des températures au-delà de 1,5 °C aggraverait ces impacts sur l’environnement. Pour les experts, limiter la hausse à 1,5 °C passe par une réduction massive des émissions de CO2 de 45 % d’ici 2030 et la réalisation d’une « neutralité carbone » en 2050.

 

Le WWF a aussi étudié l’impact du changement climatique sur la biodiversité au coeur des écorégions prioritaires

Une récente étude du WWF, conduite en partenariat avec des experts du Tyndall Centre for Climate Change de l’Université d’East Anglia, modélise les conséquences du réchauffement climatique sur la biodiversité de 35 écorégions selon trois scénarios : un réchauffement à +2°C, un autre à +3,2°C et enfin un scénario à +4,5°C. Dans ce dernier scénario, la moitié des espèces qui peuplent actuellement les écorégions sont menacées d’extinction. Dans le scénario de +2°C, cette perte de biodiversité serait divisée par deux.

La biodiversité a une valeur intrinsèque, et la perte de la vie sauvage au sein des aires naturelles les plus exceptionnelles de la planète nous appauvrissent tous. Au-delà des répercussions évidentes aux niveaux économique et social, nous nous exposons à de profonds changements impactant des écosystèmes fournissant des services vitaux à des centaines de millions de personnes.

Les résultats du rapport découlent d’une l’analyse menée à l’échelle mondiale d’une projection des changements climatiques dans les aires de répartition de plantes et d’animaux dans 35 écorégions prioritaires, régions qui abritent une grande partie de la biodiversité la plus remarquable.

 

Plus d’informations

L’article scientifique des experts de l’UICN
Le rapport du GIEC pour les décideurs
Le rapport ‘ »La nature face au choc climatique » du WWF

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