BIODIVERSITE ET CHAÎNE DE VALEUR AMONT DES ENTREPRISES : LE CAS DE L’ALUMINIUM

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Le Comité français de l’UICN a initié une étude sur la chaîne de valeur amont des entreprises*, pour identifier leurs impacts et dépendances vis-à-vis de la biodiversité et des services écosystémiques, liés à leurs achats de différentes matières premières, et pour formuler des recommandations. Une première fiche publiée aujourd’hui, concerne les produits en aluminium ou contenant de l’aluminium. Elle offre une synthèse des impacts et des dépendances, présente les principales certifications et initiatives existantes, et propose des recommandations à intégrer dans les stratégies biodiversité, les chartes RSE ou en matière d’achats responsables des entreprises.

Pour répondre aux nouvelles exigences réglementaires (Corporate Sustainable Reporting Directive) et aux demandes des initiatives volontaires (Science Based Targets Network, Taskforce on Nature-related Financial Disclosures), les entreprises vont devoir progressivement collecter et publier plus d’informations et de données afférentes aux impacts de la chaîne de valeur de leurs produits et services sur la biodiversité. Ces données doivent conduire à une amélioration des pratiques, notamment d’achat, des entreprises.

En effet, toutes les directions d’une entreprise sont concernées par les enjeux de biodiversité et pas seulement les directions développement durable ou RSE. Les directions achats tiennent un rôle important, et leur travail doit s’articuler avec celui des directions où sont pilotées les actions liées à l’environnement. Ainsi, la biodiversité, doit être pleinement intégrée dans les achats de matières premières et dans le choix de fournitures ou produits, donc dans la chaîne de valeur amont d’une entreprise, pour avoir des modèles économiques plus durables. La stratégie biodiversité d’une entreprise doit nécessairement s’appliquer dans les choix des achats, et cela peut se traduire de différentes manières :

  • arrêter l’achat de matériaux à fort et très fort impact sur la biodiversité,

  • choisir des matériaux à faible ou moindre impact à travers le recours à des produits certifiés ou labellisés, ou l’adoption de chartes d’achats intégrant des critères biodiversité,

  • remplacer un matériau par un autre qui sera moins impactant sur la biodiversité,

  • privilégier le choix de matériaux recyclés et recyclables.

Cependant, ce sujet d’étude reste relativement peu exploré, du fait des difficultés qu’expriment les entreprises à recueillir les données de leurs fournisseurs. Pour adresser cette problématique, le Comité français de l’UICN a entrepris une étude avec son groupe de travail « Entreprises et biodiversité », réunissant ses entreprises partenaires, ses membres et ses experts, afin de permettre aux entreprises d’identifier les actions prioritaires à mener auprès de leurs fournisseurs de matières premières stratégiques.

Trois matières premières stratégiques ont été sélectionnées pour cette première phase d’étude : l’aluminium, le bois d’œuvre et d’industrie, et l’acier. La fiche « aluminium » publiée aujourd’hui, constitue une ressource essentielle pour accompagner les entreprises dans :

  • L’identification de leurs impacts et dépendances vis-à-vis de la biodiversité et des services écosystémiques liés à leurs achats de produits en aluminium ou contenant de l’aluminium,
  • L’établissement d’une vue d’ensemble des principaux mécanismes de certification existants,
  • L’intégration de cet enjeu dans leurs stratégies biodiversité, leur charte RSE ou en matière d’achats responsables, en lien avec leurs fournisseurs.

L’ensemble du cycle de vie de l’aluminium a de très forts impacts sur la biodiversité et tout particulièrement dans la chaîne de valeur amont : depuis l’extraction de la bauxite jusqu’à la fabrication des produits de consommation, en passant par la production de l’alumine, puis la production de l’aluminium pour la fabrication des alliages. Ainsi, la déforestation, l’artificialisation des sols, la surexploitation de la ressource en eau, la pollution de l’eau et des sols avec les boues rouges et la pollution de l’air sont les pressions mesurées les plus importantes.

Pour encourager des pratiques minières moins impactantes sur la biodiversité, nous identifions principalement l’existence de la certification internationale, Aluminium Stewardship Initiative (ASI) et des principes d’exploitation durable de l’International Council on Mining and Metals (ICMM). Nous encourageons toutefois ces référentiels à définir des critères de durabilité plus ambitieux pour garantir une production d’aluminium de moindre impact sur la biodiversité.

Au regard des besoins en aluminium pour assurer la transition énergétique de nos sociétés, le Comité français de l’UICN propose ainsi trois recommandations aux entreprises :

  1. Privilégier les produits fabriqués à partir d’aluminium recyclé.
  2. Privilégier les produits en aluminium certifiés ASI.
  3. Définir des critères de durabilité ambitieux pour réduire les impacts de la production d’aluminium primaire sur la biodiversité.

Pour les autres usages, la priorité doit être la réduction de l’utilisation d’aluminium.

Ce travail a été soutenu par les huit entreprises partenaires du Comité français de l’UICN : Heidelberg Materials France, EDF, Veolia, ENGIE, Storengy France, EQIOM, Primagaz et Nestlé Waters France.

* La notion de chaîne de valeur d’une entreprise désigne l’ensemble des processus et des interactions qui ont pour objectifs de générer une certaine valeur (à travers la création de produits et de services) à destination de ses clients. Au sein de ces processus, la chaîne de valeur amont concerne toutes les activités liées à l’approvisionnement en matières premières pour la fabrication des produits et par conséquent les interactions entre l’entreprise et ses fournisseurs. A travers l’achat de matières premières extraites des milieux naturels, les entreprises ont ainsi un impact indirect sur la biodiversité.

© Photo bandeau : Vladimir Zapletin

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