Plus d’une espèce d’arbre sur trois dans le monde est menacée d’extinction – Liste rouge de l’UICN
Cali, Colombie, 28 octobre 2024 (UICN) – Trente-huit pour cent des arbres du monde sont menacés d’extinction selon la première Évaluation mondiale des arbres publiée dans la mise à jour d’aujourd’hui de la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées™. Également dans la mise à jour d’aujourd’hui, l’état de conservation du hérisson d’Europe s’est détérioré et l’espèce est désormais considérée comme Quasi menacée.
La Liste rouge de l’UICN comprend désormais 166 061 espèces, dont 46 337 sont menacées d’extinction.
« Nous publions aujourd’hui l’évaluation mondiale des arbres figurant sur la Liste rouge de l’UICN, qui montre que plus d’une espèce d’arbre sur trois est menacée d’extinction. Les arbres sont essentiels au maintien de la vie sur Terre du fait de leur rôle vital dans les écosystèmes, et la vie et les moyens d’existence de millions de personnes en dépendent. Alors que la Liste rouge de l’UICN célèbre 60 ans d’impact, la présente évaluation souligne son importance en tant que baromètre de la vie, mais aussi, de manière cruciale, en tant qu’outil unique guidant les actions visant à inverser le déclin de la nature », a déclaré la Dr Grethel Aguilar, Directrice Générale de l’UICN.
Pour la première fois, la majorité des arbres du monde ont été ajoutés à la Liste rouge de l’UICN, révélant qu’au moins 16 425 des 47 282 espèces évaluées sont en danger d’extinction. Les arbres représentent désormais plus d’un quart des espèces présentes sur la Liste rouge de l’UICN, et le nombre d’arbres menacés est plus de deux fois supérieur au nombre total d’oiseaux, de mammifères, de reptiles et d’amphibiens menacés combinés. Des espèces d’arbres sont menacées d’extinction dans 192 pays à travers le monde.
« Cette évaluation intégrale présente la première image globale de l’état de conservation des arbres, ce qui nous permettra de prendre des décisions de conservation mieux éclairées et des mesures visant à protéger les arbres là où cela est nécessaire de toute urgence », a déclaré le Dr Malin Rivers, responsable de l’Évaluation mondiale des arbres chez Botanic Gardens Conservation International, un Partenaire de la Liste rouge. « Ce travail représente un effort mondial, impliquant plus de 1 000 experts des arbres. Nous devons continuer à travailler ensemble pour intensifier les actions locales, nationales et internationales de conservation des arbres afin de soutenir les personnes et la planète ».
La plus forte proportion d’arbres menacés se trouve sur les îles. Les arbres insulaires sont particulièrement à risque en raison de la déforestation pour le développement urbain et l’agriculture à toutes les échelles, ainsi que des espèces envahissantes, des ravageurs et des maladies. Les changements climatiques menacent de plus en plus les arbres, en particulier sous les tropiques, en raison de l’élévation du niveau des mers et des tempêtes plus fortes et plus fréquentes. La lutte contre les menaces auxquelles les arbres sont confrontés, la protection et la restauration des habitats, ainsi que la conservation ex situ par le biais de banques de semences et de collections dans les jardins botaniques sont essentielles pour prévenir les extinctions sur les îles et dans le reste du monde. Une action communautaire a déjà abouti à des résultats positifs des îles Juan Fernández à Cuba et de Madagascar à Fidji.
En Amérique du Sud, où se trouve la plus grande diversité d’arbres au monde, 3 356 des 13 668 espèces évaluées sont menacées d’extinction. Des approches novatrices sont nécessaires pour protéger le nombre élevé d’espèces d’arbres dans la région, où le déboisement pour l’agriculture et l’élevage constituent les menaces les plus importantes. En Colombie, les évaluations de la Liste rouge ont guidé la planification nationale des actions de conservation. Sept espèces de Magnolia considérées En danger et En danger critique ont été utilisées pour la désignation de cinq nouvelles Zones clés pour la biodiversité, qui seront utilisées par les gouvernements locaux et nationaux pour éclairer la planification spatiale.
La Liste rouge de l’UICN montre également que la perte d’arbres constitue une menace majeure pour des milliers d’autres plantes, champignons et animaux. En tant que composante déterminante de nombreux écosystèmes, les arbres sont fondamentaux à toute vie sur Terre en raison de leur rôle dans les cycles du carbone, de l’eau et des nutriments, la formation des sols et la régulation du climat. Les personnes dépendent également des arbres, plus de 5 000 espèces sur la Liste rouge de l’UICN étant utilisées comme source de bois pour la construction, et plus de 2 000 comme source de médicaments, de nourriture et de combustibles respectivement.
Le hérisson d’Europe Quasi menacé
Le hérisson d’Europe (Erinaceus europaeus) est passé de la catégorie Préoccupation mineure à Quasi menacé sur la Liste rouge de l’UICN. On estime que les effectifs de l’espèce ont diminué dans plus de la moitié des pays où elle est présente, y compris au Royaume-Uni, en Norvège, en Suède, au Danemark, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Autriche. À l’échelle nationale, les populations ont diminué d’environ 16 à 33% au cours des dix dernières années, des études locales signalant également des diminutions allant jusqu’à 50% en Bavière (Allemagne) et en Flandre (Belgique). Les pressions humaines croissantes, en particulier la dégradation des habitats ruraux par l’intensification agricole, les routes et le développement urbain entraînent le déclin du hérisson d’Europe.
« Une action régionale et nationale est essentielle pour soutenir les populations de hérissons, grâce à des initiatives telles que ‘Hedgehog Street’ au Royaume-Uni et ‘Danmarks Pindsvin’ au Danemark », a déclaré le Dr Abi Gazzard, Responsable de programme du Groupe de spécialistes des petits mammifères de la CSE-UICN. « L’évaluation de la Liste rouge révèle également des lacunes dans les connaissances, par exemple en ce qui concerne les limites de la répartition de l’espèce. Un suivi accru dans toute l’Europe sera essentiel pour en savoir plus sur les populations moins étudiées ».
Rauvolfia nukuhivensis (En danger critique) © Jean-François Butaud
POUR ALLER PLUS LOIN :
L’article original sur le site de l’UICN