L’UICN France défavorable au projet minier guyanais « Montagne d’Or »

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L’UICN France a fait part de ses très vives inquiétudes sur le projet minier « Montagne d’Or» porté par les sociétés Nordgold et Columbus Gold en Guyane. Un courrier a été adressé au Président de la République fin décembre 2017 pour faire connaître la position défavorable de l’organisation à  ce projet.

Ce projet minier, le plus grand projet d’extraction aurifère jamais proposé en France, inquiète fortement l’UICN France à plusieurs titres :

– l’empreinte du site d’extraction sur 2,5 km de long, 500 mètres de large et 400 mètres de profondeur va engendrer un impact majeur et durable sur la forêt guyanaise, reconnue pour sa très grande richesse écologique ;

– le site est situé en limite des deux parties de la réserve biologique intégrale de Lucifer Dékou Dékou, la plus grande réserve biologique intégrale française, qui subira les impacts de l’exploitation ;

– il mènera nécessairement à une forte perturbation hydraulique de la zone, avec des effets négatifs pérennes sur les réserves naturelles avoisinantes comme le drainage du mont Lucifer qui héberge de nombreuses espèces endémiques. Ceci est d’autant plus grave que la disparition des grands blocs forestiers en périphérie immédiate de la Guyane française s’accélère, et qu’il reste très peu de grands blocs forestiers non fragmentés en Amazonie ;

– il présente des risques sociaux et environnementaux significatifs sur le long terme, notamment du fait de l’utilisation d’explosifs et du stockage par bassins digués de cinquante millions de tonnes de déchets cyanurés, dont la sécurité n’est jamais parfaitement avérée – en particulier avec l’augmentation de l’intensité des impacts des inondations lié au changement climatique (voir exemple de Samarco au Brésil en novembre 2015) ;

– il sera nécessairement accompagné d’impacts bien au delà de la zone, avec la construction envisagée d’un port industriel à Coswine et d’une centrale thermique à Saint-Laurent du Maroni ;

– il mènera à une augmentation de 20% de la consommation annuelle de la Guyane en énergie, et s’appuiera sur des énergies combustibles pour cela, contribuant ainsi au réchauffement climatique, en contradiction avec l’Accord de Paris sur le climat.

En plus de ces considérations écologiques, le modèle économique de ce projet apparaît contestable et fragile puisque celui-ci nécessite des subventions publiques estimées à plus de 420 millions d’euros (rapport du WWF France) et que sa rentabilité reste dépendante du cours du taux de change euro/dollar dont la volatilité n’est pas exclue dans les décennies années à venir.

Le soutien public devrait se concentrer sur des filières contribuant directement au développement durable de la Guyane telles que le tourisme, les énergies renouvelables, la valorisation des ressources génétiques, ainsi que la pêche, l’agriculture et la forêt. Le développement de ces filières permettrait de générer des nombreux emplois locaux sur le long terme tout en préservant la très grande richesse écologique du territoire.

Par ailleurs, ce projet de la Montagne d’Or ne permettra pas d’endiguer les impacts de l’orpaillage illégal, actuellement en recrudescence y compris au sein de réserves naturelles et du Parc amazonien de Guyane. Le Président de la République a annoncé, lors d’un récent déplacement en Guyane, une augmentation des moyens de surveillance et de détection des chantiers illégaux mais il est aussi primordial de renforcer les moyens de lutte et notamment les interventions de l’armée dont l’efficacité sera améliorée si celles-ci se font dans le cadre de missions conjointes avec la gendarmerie, l’Office National des Forêts et le Parc Amazonien de Guyane.

 

Plus d’informations :

Les travaux du Groupe Outre-mer du Comité français de l’UICN

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