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 Dans PPI

Périphérie du Parc du W: amélioration de la coexistence Homme-Faune

Situé dans sud-ouest du Niger, le Parc W est le plus important site de concentration de la  biodiversité du pays et sûrement parmi les plus riches d’Afrique de l’ouest. abritant des milliers d’espèces de mammifères, de reptiles, d’oiseaux ou d’insectes. La végétation y est également unique.

Cette valeur unique lui a permis un classement en site du Patrimoine Mondial de l’UNESCO, dès 1996. Mais cela ne va pas sans grande convoitise, en effet cette aire protégée fait l’objet de beaucoup de pressions anthropiques : braconnage, pâturage illégal,  feux de brousse, avancée du front agricole et incursions quotidiennes, principalement de la population riveraine pour des activités de prélèvements (cueillette ou de coupe). Cela n’est pas sans conséquences directes sur leur vie dans les villages périphériques et celle de la faune dans l’aire protégée. Ainsi, on assiste à un phénomène inédit ces dernières années : les humains qui mettent une grande pression sur les ressources du parc, ces ressources combien nécessaires pour le maintien de la faune dans son milieu. Pour compenser le manque ainsi crée de son côté cette faune n’hésite pas à s’en prendre aux cultures et au bétail de ces riverains. Ce qui entraine inévitablement des représailles, par des empoisonnements, des poses de pièges et des massacres collectifs, causant des pertes majeures pour la biodiversité.

Ainsi, les femmes qui pénètrent illégalement à l’intérieur du Parc pour cueillir les feuilles fraiches ou les fruits de Baobab, en mutilant l’arbre doivent savoir qu’en retour les primates viendront compenser leur manque dans les champs de maïs ou de niébé. Ou encore l’homme qui y pénètre pour faucher de l’Echinochloa stagnina, « Burgu », combien vital aux hippopotames doit s’attendre à ce que ces derniers dévastent leurs cultures la nuit.

Conscient de la nécessité d’engager des actions en faveur d’une coexistence Homme-Faune, l’ONG Contribution à la Gestion des Zones Humides (COGEZOH) a initié en 2017, avec le soutien, entre autres, du PPI, un projet dans cette zone développant des activités concrètes d’atténuation de la pauvreté et de réduction des conflits Homme-Faune..

En réponse aux besoins des populations riveraines à satisfaire leur besoins en feuilles de baobab, qui sont les feuilles le plus utilisées dans les sauces dans le pays, l’ONG COGEZOH a appuyé l’installation de pépinières de Baobab au sein desquelles les feuilles sont directement prélevées par 190 femmes dans 3 villages cibles du projet.

Cette activité a permis aux femmes de ne plus parcourir des longues distances et de prendre des risques en s’introduisant à l’intérieur du Parc, tout en produisant elles même ce dont elles ont besoin pour leur consommation personnelle et elles en commercialisent même l’excédent, la production étant hebdomadaire et étalée sur toute l’année.

Le projet a permis également accroître et d’améliorer la production de Miel dans les villages cibles du Projet. Ainsi, c’est 50 nouveaux apiculteurs qui ont été formés et équipés avec 100 nouvelles ruches et 15 000 bouteilles de conditionnement.

Le miel est aujourd’hui de bien meilleure qualité et est sans doute le premier choix des citadins. La production a été doublée, comparée aux autres années, et la demande est encore loin d’être couverte.

En outre le projet s’est beaucoup investi dans l’atténuation des conflits Homme-faune, à travers la formation, la mise en place et l’encadrement d’un réseau d’informateurs locaux de 40 membres équipés de moyens de communication et de déplacement (24 membres ont déjà reçu des téléphones portables dotés de caméra, du crédit de communication illimité et des vélos de déplacement, grâce à un apport de TreeAid). Ce réseau fourni des informations sur les incursions de la faune vers les villages riverains et les activités illégales (braconnage, pâturage illégal et autres prélèvements) opérées dans le Parc W. Le travail de ce réseau a été très apprécié par les gestionnaires de l’aire protégée qui ont pu arrêter et démanteler des réseaux braconniers et de trafiquants de la viande sauvage. Il a aussi permis d’intervenir à temps pour repousser certains animaux sauvages se dirigeant vers les villages.

En plus, de nouveau types d’enclos ont été expérimentés avec succès pour parer aux attaques des hyènes et des lions sur le bétail. Douze ont été construits, avec du grillage et des boutures de Commiphora africana, qui est une plante qui tend à disparaître dans la majeure partie du Niger. Le projet permet donc en plus la restauration de cette espèce dans son milieu naturel.

Cette activité a été accompagnée d’installation d’épouvantails et de plusieurs campagnes de sensibilisation et de formation dans les villages cibles. Cela a permis une prise de conscience collective du comportement à adopter quand on vit en périphérie d’une aire protégée.

L’ONG a pour ambition d’étendre ses activités à d’autres villages périphériques du Parc W, afin de résoudre durablement cette situation de conflits Homme-Faune.

 

Plus d’informations

– Retrouvez un reportage réalisé par RFI en décembre 2018 sur le projet

La fiche de présentation du projet mené par COGEZOH

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