Le programme des aires protégées du Comité français de l’UICN travaille depuis 2011 sur la naturalité ou « wilderness », la libre évolution et la nature férale grâce à l’implication de ses experts. Créé en 2012 à l’issue d’un atelier thématique de la Commission Aires Protégées, son Groupe de travail Wilderness et Nature Férale propose des moyens de conservation et de valorisation de ces espaces.
La wilderness est un terme associé à la culture Etasunienne, bien qu’il n’y ait pas de définition unique, la wilderness désigne communément un espace de nature sauvage, non impacté par les activités humaines (Nash 2014; Locquet et Héritier 2020). Les aires de wilderness se caractérisent par leur haut degré de naturalité. A l’échelle internationale, les aires de wilderness sont reconnues à travers la catégorie Ib de l’UICN « zone de nature sauvage » en français.
Depuis les années 2000 émerge un fort intérêt en Europe pour la wilderness, qui se cristallise notamment avec l’adoption de la résolution le 3 février 2009 par le Parlement européen sur la wilderness (traduit en français pas «zone de nature vierge»). Cette dernière incite les états membres à agir en faveur de la wilderness, notamment en identifiant et protégeant ces espaces. Cette résolution s’est accompagnée de réflexions et de débats sur l’application du concept de wilderness en France, menée par legroupe de travail wilderness et nature férale.
La nature férale, quant à elle, désigne des espaces marqués par le retour de processus naturels spontanés à la suite de phénomènes de déprise rurale ou d’abandon d’activités humaines. Le terme féral désigne globalement un être vivant ou un espace qui a été domestiqué avant de redevenir sauvage (Schnitzler et Génot, 2021).
Le concept de libre évolution, qui émerge dans les années 1990. Elle caractérise autant une friche agricole, qu’une vieille forêt, et ne présage ni de l’état et de l’intégrité des milieux qui le composent, ni de l’influence humaine qu’il a subie. La libre évolution peut être autant un gestion qu’un état de fait.
L’intérêt pour la libre évolution prend peu à peu de l’ampleur et entraîne la mobilisation aussi bien de gestionnaires de l’environnement, de scientifiques, que des associations. Cette stratégie est associée aux milieux forestiers, mais peut s’appliquer à tous les écosystèmes.
Cette approche, loin de sacraliser un idéal de nature, reconnaît l’influence passée des activités humaines dans la modification des milieux. Le « laisser faire », encouragé par la libre évolution s’inscrit par ailleurs dans le cadre de stratégies de gestion des milieux.
La libre évolution constitue un moyen d’augmenter le niveau de naturalité des écosystèmes, en réduisant les impacts anthropiques.
La naturalité désigne un état d’intégrité écologique des écosystèmes, c’est-à-dire un écosystème peu ou pas modifié par les activités humaines. D’après la définition proposée par Guetté et al. (2018) et reprise au sein de la Stratégie Nationale pour les Aires Protégées, la naturalité reflète « le degré d’influence d’un milieu par l’homme, et donc son caractère plus ou moins « sauvage »« .
Elle comporte deux volets :
Le projet CartNat vise à établir une méthode de cartographie de la naturalité potentielle. Il est développé par S.Carver (Université de Leeds – Angleterre), A.Guetté (Maitre de conférences, Université de Tours), et J.Carruther-Jones (Université de Helsinki – Finlande).
CartNat s’appuie sur la définition de la naturalité proposé par Guetté et al., (2018). Ces travaux ont abouti en 2021 pour la France hexagonale terrestre à une cartographie reposant sur 3 critères :
La carte synthétique du gradient de naturalité potentielle à partir des critères 1 à 3.
Depuis 2022, dans la continuité du projet CartNat, des travaux de recherche ont été amorcés pour s’intéresser à la naturalité dans les milieux marins et littoraux. L’ambition est de développer une carte de naturalité potentielle dans de ces milieux. Toutefois, ces écosystèmes et les enjeux qui y sont attachés étant très différents de ceux des espaces terrestres, les cadres théoriques et méthodologiques doivent faire l’objet d’une adaptation.
Il s’agit notamment d’établir une définition et des critères relatifs à la naturalité marine et littorale, avant d’identifier les bases de données pour en permettre la cartographie.
Le groupe de travail Wilderness et nature férale est une instance d’expertise rattachée à la Commission Aires protégées du Comité français de l’UICN. Il est pluridisciplinaire, pluraliste et indépendant et est composé de professionnels de la conservation de la nature et de personnes choisies pour leur compétence et leur intérêt pour les sujets de la libre évolution et de la naturalité.
Sa mission principale consiste à promouvoir les travaux en cours sur la naturalité et la libre évolution en France.
UICN Comité Français (2023). La libre évolution, une trajectoire de gestion des espaces naturels — Accompagner les processus naturels dans leur adaptation aux changements globaux, Paris, France
Co-organisation du colloque Le renouveau du sauvage, qui s’est tenu du 26 juin au 2 juillet 2023 à Cerisy. https://cerisy-colloques.fr/sauvage2023/
Co-organisation, en partenariat avec la Commission nationale française pour l’UNESCO, et les réseaux d’espaces naturels d’un webséminaire inter-réseau sur la libre évolution, les 8 et 9 janvier 2024, UNESCO, Paris
Les travaux du groupe de travail wilderness et nature férale sont soutenues par
Pour toute information, merci de contacter :
Erwan Cherel – Responsable Aires protégées
Alexandra Locquet – Chargée de mission aires protégées et naturalité